La nutrition protège contre l'impact du stress sur le cerveau au début de la vie
Les jeunes souris qui grandissent dans des circonstances stressantes ont moins de troubles cognitifs et de problèmes de mémoire que les adultes si elles reçoivent du lait maternel enrichi.
Cela a été révélé par la recherche menée par les neuroscientifiques et les scientifiques biomédicaux à UvA, AMC et UMCG. Ils ont publié leurs résultats dans le FASEB Journal.
Chez les humains comme chez les autres animaux, le stress sévère au cours de la petite enfance entraîne des troubles du développement du cerveau et des problèmes de santé plus tard dans la vie.
Par exemple, les personnes exposées au stress en début de vie ont un risque plus élevé de développer une dépression, des troubles anxieux et d'autres maladies comme l'obésité, et ont en moyenne un QI inférieur et une mémoire moins efficace.
Des recherches antérieures menées par les neurocientifiques Eva Naninck, Paul Lucassen et Aniko Korosi ont révélé que le stress, au cours du développement précoce, influaient en permanence sur le cerveau de la souris. L' étude actuelle, menée par le même groupe, démontre que complémenter la nutrition de la mère pendant cette période précoce peut atténuer les conséquences néfastes de ce stress au début de la vie.
Korosi: «Le fait que les éléments nutritifs peuvent influencer le développement du cerveau altéré par le stress dans la petite enfance est encourageant. Il nous permet de rechercher de manière ciblée des compléments nutritionnels pour les enfants qui grandissent dans des circonstances stressantes, par exemple les bébés qui doivent subir des séjours à long terme.
Pour induire le stress chez les jeunes souris, les chercheurs ont donné aux mères une quantité limitée de matériel pour construire leurs nids. En conséquence, les soins apportés aux jeunes souris ont changé, les mères ont quitté le nid plus souvent afin de chercher du matériel de nidification. Les mères du groupe témoin, qui avaient beaucoup de matériel de nidification à leur disposition, sont restées dans le nid avec leurs petits pendant des périodes beaucoup plus longues.
Les chercheurs ont donné à la moitié des souris mères stressées un complément alimentaire contenant divers éléments nutritifs que le corps ne peut pas produire seul, comme les vitamines B6, B9 (acide folique) et B12 et l'aminoacide fonctionnellement apparenté, la méthionine.
Les chercheurs ont constaté une augmentation de la réponse au stress hormonal et la réduction des niveaux de méthionine dans le cerveau des jeunes souris dont les mères ont été stressés, mais n'ont pas reçu le supplément nutritionnel. En outre, ces souris avaient une mémoire altérée comme des adultes; Elles étaient moins capables de s'orienter et de se rappeler l'emplacement de certains objets.
Les petits des mères stressées, ayant reçu la nutrition complémentée, avaient un comportement semblable à ceux grandissant dans des circonstances normales. Ils avaient des niveaux plus élevés de méthionine dans le cerveau et une plus faible réponse au stress hormonal lorsqu'ils étaient jeunes et, en tant qu'adultes, ils se comportaient mieux sur plusieurs exercices de mémoires que les souris exposées au stress précoce dont les mères ne recevaient pas de complément nutritionnel.
Le lait maternel
Les chercheurs soulignent que cette étude expérimentale a été incapable d'expliquer complètement comment le stress et lemétabolisme "travaillent" ensemble dans cette période précoce et dans le développement du cerveau. On ne sait pas si l'altération du développement est dû au fait que les mères exposées au stress produisent moins de lait nutritif, ou si le problème réside dans l'absorption par le corps ou le cerveau des jeunes souris, celles-ci pouvant également être stressées par l'imprévisibilité du comportement de la mère.
Cependant, selon Naninck, les résultats sont précieux: «Les scientifiques ont tendance à considérer le métabolisme et le stress comme des systèmes non liés, mais nous avons démontré qu'en fait, ils "travaillent" ensemble dans la programmation cérébrale précoce. Nous espérons que nos idées pourront contribuer à de nouvelles stratégies nutritionnelles pour atténuer les effets durables d'une enfance sérieusement perturbée.
Avant que ce type de complémentation nutritionnelle puisse être utilisé chez les humains, il faut d'abord établir si les mères humaines et leurs bébés, en situation de stress grave, subissent des perturbations similaires à celles des souris. Actuellement, la première mission du groupe consiste à déterminer si le contenu nutritionnel du lait maternel humain varie également sous l'effet du stress.